The Debate about MMT Should Focus on the Role of Effective Demand, Not Debt Sustainability

First published: December 2019

MMT has recently attracted a lot of attention in the media and to a lesser extent in mainstream academic economics (see for example Krugman’s intervention and debate with Kelton on twitter and online newspapers). At the AEA Meeting in San Diego, in two days from now, N.G. Mankiw will present his “guide” on MMT, which he has published on his blog. In this blog post, I hope to clarify the set of assumptions that underlie the disagreement between MMT and mainstream economics and thereby convince the reader that the debate should focus less on debt sustainability issues and the quantity theory of money and more on the role of effective demand. The two views indeed diverge in two key dimensions: i) they make a different diagnostic regarding the degree of slack on the labor market and distance to full-employment ii) they hold different beliefs about government spending multipliers.

Click here to access the blog post: The Debate about MMT Should Focus on the Role of Effective Demand, Not Debt Sustainability.

The determinants of homophobia in the US

First published: August 2017

What are the determinants of homophobic beliefs in the US? 

“To what extent is homosexuality justifiable?” is the question asked to a representative sample of 1000 Americans recently and to which they had to pick one of the following answers: “Never”, “Sometimes” or “Always”.  

The framing of the question is worth spending some time thinking about what a “Sometimes” may mean in this context. Maybe, for some, homosexuality is OK from Monday to Saturday, but not on Sundays!? Or is it maybe OK from Saturday night to the following Friday night? Or maybe do they have in mind some kind of restrictions on the number of homosexual acts in someone’s life? “Not too often…once a year, not more…”. Or maybe it is just meant at capturing all the people who don’t have extremely negative views about homosexuality but for whom this is not totally OK either.

1. A first look at the aggregate

Is Homosexuality justifiable?Percent
Never33.9%
Sometimes22.92%
Always43.18%
Total100%


To this question, 33.9% answers “Never”. Adding up “Nevers” and “Sometimes”, one gets a worrisome 55%. Read carefully: it means 55% thinks homosexuality is not always OK in this survey.

2. Determinants of Homophobia

For each individual in the survey we have information about their income, education, gender, region, degree of religiosity, political orientation, race and their age. I run an ordered logit regression of the answer to the previous question onto these socio-demographic variables. 

(Jump to the next paragraph if you don’t want details about the underlying variables)

All variables are categorical. Most of them are ordered (income, education, degree of religiosity from “very religious” to “not at all religious”, political orientation from “very conservative” to “very progressive”, age) and some of them are not (gender is equal to 1 for a male and 0 otherwise, do not see any sexism in this arbitrary choice ; region contains Midwest, Northeast, South and West ; race contains Asian, Black, Hispanic, Others, White), I drop the first category for each variable (and Midwest for region and Asian for race). Therefore the reference individual is a poor, below high-school, very conservative, very religious, Asian woman living in the Midwest.  The results are contained in the following pdf. 

 PDF icon results.pdf

The results show that female, younger individuals, Hispanic and White, progressive, not religious and Northeast individuals are more likely to be less homophobic than male, Asian, Black, Other race, very conservative, very religious and from the Midwest individuals. Regarding magnitude, the most striking variables are political orientation and religion: being very conservative rather than very progressive makes one 15 times less likely to be tolerant towards homosexuality rather than not – the odds-ratio is 7 between very religious and not all religious individuals. Interestingly, education and income are not significant. I don’t know what to take away from this, but there is still a long way to go. 

Progressivité du barème de l’impôt sur le revenu, sur le capital et l’héritage et hausse de l’investissement dans l’éducation des enfants

First published: April 2017

Comment Mélenchon aborde-t-il la question de la réduction des inégalités et du financement de la hausse des transferts qu’il promet ? La manière directe consiste à intervenir sur l’échelle des revenus du travail, i.e. les revenus primaires, en modifiant le SMIC (+16%) ou en fixant un écart maximum des salaires au sein d’une entreprise (1 à 20).  L’autre manière consiste à redistribuer la richesse en taxant les revenus primaires et transférer les ressources entre ménages sous la forme d’un impôt progressif et d’une prime à l’emploi (et autres transferts pour les ménages modestes) sans affecter la distribution de revenus primaires. Dans ce post, nous argumentons en faveur de l’usage de l’impôt et des transferts car cela permet de redistributer entre ceux qui sont avantagés ou qui ont de la chance à un certain moment du temps en limitant les conséquences macroéconomiques néfastes.

Intervention directe sur l’échelle des salaires

Nous avons amplement l’effet de la hausse du SMIC ici. Nous avons montré que si vouloir diminuer les inégalités des revenus est un très bon objectif, la hausse du SMIC n’est pas l’outil le mieux adapté. Modifier le salaire n’est pas le meilleur moyen car il a aussi des conséquences macroéconomiques potentiellement néfastes – le chômage. 

L’écart de 1 à 20 au sein des entreprises. Le principe me plait. Mais deux raisons me font penser que cela n’est vraiment pas la meilleure façon de réduire les écarts de revenus. Tout d’abord, cette mesure va pousser les entreprises à externaliser certaines parties de leur production et/ou se redécouper en plus petites entités afin que le haut et le bas de la hiérarchie ne se trouvent plus au sein de la même entité juridique. Ensuite, la concurrence pour attirer les meilleurs managers est désormais internationale pour ces individus et il ne fait aucun doute qu’ils ne voudront pas revenir travailler dans une entreprise française si leur salaire est deux à trois inférieur à ce qu’il est dans des pays voisins. Cela pourrait avoir des conséquences sur les capacités des entreprises françaises à se développer et à innover au mieux de leur potentialités.  

Intervention indirecte, redistribution des revenus et promotion de la mobilité sociale

La hausse du barème de l’impôt sur le revenu et le taux sur la tranche supérieure à 100% au-delà de 33 000 euros par mois a de quoi rappeler les Etats-Unis des années 40 et 50. La hausse de la progressivité de l’impôt est le meilleur moyen de redistribuer de la richesse entre les agents au sein de nos économies modernes. Elle limite les inégalités des revenus sans intervenir sur la distribution des salaires. C’est une mesure extrêmement positive. L’argument de la fuite des élites reste cependant à prendre en compte et il faut se poser la question des taux maximums à mettre en place.

La hausse de l’ISF est aussi un très bon moyen de promouvoir l’égalité des chances entre les individus en limitant la transmission des richesses entre générations et le creusement des niveaux de richesses entre individus au cours du temps. La principale peur des économistes face à une telle mesure est la baisse de l’incitation à épargner et donc une baisse du capital disponible pour une économie. A cet argument, l’on peut répondre que dans une économie internationalisée, l’épargne nationale perd de son importance puisque le capital peut être importé de l’étranger. Ensuite, il n’est pas clair ce qu’est un « bon niveau d’épargne ». Il n’est pas clair que plus d’épargne soit toujours mieux.

La hausse de la taxe sur l’héritage et l’investissement dans l’éducation des jeunes dès le plus jeune âge est une manière extrêmement efficace d’augmenter la mobilité et de limiter la reproduction sociale, c’est-à-dire d’augmenter la mobilité sociale et économique au sein de la société.

En conclusion, ne cherchons pas à intervenir directement sur les bas-salaires. Ne touchons pas aux salaires mais augmentons la progressivité de l’impôt et les transferts aux bas salaires. Car ce qui compte pour un ménage, c’est le revenu qu’il touche après impôt et transfert, pas le salaire que l’entreprise verse. Certains diront que tout travail mérite un juste salaire ! Nous répondons que pour les emplois les moins qualifiés, ce juste salaire peut se construire comme la somme du salaire de marché et d’un salaire socialisé, transféré à travers l’Etat.

Augmenter le SMIC de 16%: une fausse bonne idée

First published: April 2016

Pour renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs à bas salaire, Mélenchon propose d’augmenter le SMIC de 16%, et le justifie dans cette vidéo

https://laec.fr/section/30/augmenter-les-salaires

Mais il néglige le fait qu’une augmentation du SMIC aura un effet sur le chômage, en particulier pour les moins qualifiés, et que l’élévation du pouvoir d’achat risque d’être annulée par une hausse des prix à la consommation.

1) L’argument de la relance par la demande

En augmentant le pouvoir d’achat des salariés en bas de l’échelle des salaires, la hausse du SMIC pourrait relancer la demande agrégée, puisque ces ménages consomment en général une plus grande part de leur revenu que les ménages plus aisés. En période de chômage conjoncturel cela est une très bonne idée. Il y a fort à penser que cet effet aurait un effet important dans le court terme, malgré la hausse des prix présentés plus bas, car les prix mettront davantage de temps pour s’ajuster.

Cette effet de relance aura ses limites. L’une des principales limites est que l’économie française est extrêmement intégrée à ses partenaires européens et une partie de la demande supplémentaire profitera à nos partenaires. Une telle politique ne peut fonctionner que si elle est réalisée à l’échelle d’une zone relativement peu ouverte.

Un autre problème concerne l’effet sur nos exportations. La hausse potentielle des prix dégradera la compétitivité-prix de la production sur le sol francais par rapport à nos partenaires commerciaux au sein de la zone euro, puisque le taux de change y est par définition fixe. Cela diminuera la demande pour nos exportations. Les exportations françaises sont assez sensibles à leur prix, et une telle dégradation pourrait peser sur notre compétitivité pendant un certain temps.

2) Une hausse probable du chômage des travailleurs peu qualifiés

Comme le présente la vidéo, on peut espérer une augmentation du pouvoir d’achat des employés rémunérés au SMIC (au moins dans le court terme). Par un effet de demande, cela augmentera l’activité des entreprises et donc les embauches. Mais les 7 milliards d’euros par an supplémentaires de salaires annoncés seront une hausse d’autant du coût du travail pour les entreprises, qui vont en réaction réduire leur masse salariale.

Certes, les grandes entreprises pourront sans trop de peine s’acquitter des hausses de salaires (les emplois payés au SMIC ne représentent que 5% des grandes entreprises), mais ce poids sera beaucoup plus lourd pour les PME (dont 10% des employés sont au SMIC), en particulier pour les petites entreprises dans le secteur des TPE (25% de salariés au SMIC) (source: DARES).

Sans aides pour les PME, on a déjà une bonne idée de l’effet global sur l’emploi d’une augmentation du SMIC. Plusieurs études s’accordent (Kramarz-Philippon, Crépon et al, OFCE) sur environ 20000 emplois détruits pour une augmentation du SMIC de 1%. Un calcul simple (simpliste) prédit donc environ 300000 emplois détruits à la suite de l’augmentation de 16% préconisée par Mélenchon. Ces emplois détruits seront principalement ceux à bas salaires, et excluront plus de jeunes et de femmes du marché du travail.

Mélenchon l’a bien compris, et il propose donc d’aider les PME. L’innovation principale serait de créer un “fonds de solidarité inter-entreprises pour mutualiser la contribution sociale entre toutes les entreprises et les groupes pour soulager les PME et assurer la solidarité financière entre donneurs d’ordre et sous-traitants”. Il serait financé grâce à une contribution des entreprises selon un barème progressif. Autrement dit, la hausse du coût du travail serait reportée sur les grandes entreprises. L’idée est intéressante, mais même si elle permettrait de limiter l’impact sur les PME, les suppressions d’emplois seront reportées sur les grandes entreprises, pour lesquelles il est aussi plus facile de déplacer leur activité à l’étranger.

Le seul moyen d’éviter une augmentation importante du chômage sera une contribution importante de l’état pour alléger les cotisations salariales.

3) Une augmentation du pouvoir d’achat incertaine

En réaction à la hausse du coût du travail due au SMIC plus élevé, les entreprises ont deux options: diminuer leur profitabilité, ou bien augmenter leur prix de vente. En pratique, on s’attend à observer les deux. Si l’on peut penser que diminuer la profitabilité des grandes entreprises n’est pas forcément un problème, la hausse des prix peut contrebalancer la hausse du pouvoir d’achat.

On ne dispose pas d’études en France pour quantifier la hausse des prix due à l’augmentation du SMIC. En Hongrie, d’après un récent article (Lindner et al (2015)), la hausse spectaculaire (+60%) du salaire minimum en 2001 n’a pas eu d’effet sur la profitabilité des entreprises, et a été répercutée directement sur les prix à la consommation. Dans ce cas, retour à la case départ: la hausse du SMIC a simplement augmenté tous les prix, et le pouvoir d’achat est inchangé.

4) Mais que faire alors?

Comme le remarque Mélenchon, le SMIC est de 1140 euros net, à peine plus haut que le seuil de pauvreté (1008 euros). Les personnes sous ce seuil sont principalement les personnes sans emploi, ou au SMIC à temps partiel. Pour les aider, augmenter le SMIC est paradoxalement une mauvaise idée car cela va exclure plus de travailleurs encore du marché du travail. Il faut donc cesser de considérer le SMIC comme un outil redistributif, et renforcer les transferts moins dissuasifs pour l’emploi comme la prime d’activité.

Vouloir diminuer les inégalités des revenus est un très bon objectif. Mais encore faut-il le faire avec les outils les mieux adaptés. Modifier le salaire n’est pas le meilleur moyen car il a aussi des conséquences macroéconomiques potentiellement néfastes – le chômage. Ne touchons pas aux salaires mais augmentons la progressivité de l’impôt et les transferts aux bas salaires. Car ce qui compte pour un ménage, c’est le revenu qu’il touche après impôt et transfert, pas le salaire que l’entreprise verse. Certains diront que tout travail mérite un juste salaire ! Nous répondons que pour les emplois les moins qualifiés, ce juste salaire peut se construire comme la somme du salaire de marché et d’un salaire socialisé, transféré à travers l’Etat.

Références:

Kramarz Philippon 2001: https://pdfs.semanticscholar.org/9f31/daee28ea76342ef69a9a4b38320167b82e93.pdf

Crépon Desplatz 2001: http://www.persee.fr/doc/estat_0336-1454_2001_num_348_1_7420

OFCE: http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/notes/2012/note22.pdf

Lindner Harasztosi 2015: http://faculty.chicagobooth.edu/workshops/micro/pdf/LindnerJMP.pdf

Quelles solutions au chômage?

First published: April 2017

Quelles solutions au chômage propose Mélenchon ? A côtés de mesures assez consensuelles, comme l’amélioration des services de l’emploi actuellement sous-performants et en sous-effectifs, l’investissement dans la formation des chômeurs et l’extension des droits à la formation à ceux qui ont été durablement hors du marché du travail, Mélenchon se distingue par des mesures moins conventionnelles qui méritent d’être discutées.

  1. La relance de la demandeoui, mais au niveau européen!

En augmentant le pouvoir d’achat des salariés en bas de l’échelle des salaires, la hausse du SMIC et les différentes politiques de transferts vers les plus bas revenus ainsi que les plans d’investissement pourraient augmenter la demande agrégée. Ceci repose sur l’hypothèse tout à fait crédible que les ménages modestes consomment en général une plus grande part de leur revenu que les ménages plus aisés. En période de chômage conjoncturel cela est une très bonne idée. Il y a fort à penser que cet effet aurait un effet important dans le court terme.

Cette effet de relance aura ses limites cependant. L’une des principales limites est que l’économie française est extrêmement intégrée à ses partenaires européens et une partie de la demande supplémentaire profitera à nos partenaires et augmentera nos importations. Mitterrand avait dû faire marche arrière rapidement au début de son premier quinquennat en observant l’augmentation rapide du déficit extérieur. Une telle politique ne peut fonctionner que si elle est réalisée à l’échelle d’une zone relativement peu ouverte, c’est-à-dire la zone euro dans son ensemble.

Un autre problème concerne l’effet sur nos exportations. La hausse potentielle des prix dégradera la compétitivité-prix de la production sur le sol francais par rapport à nos partenaires commerciaux au sein de la zone euro, puisque le taux de change y est par définition fixe. Cela diminuera la demande pour nos exportations. Les exportations françaises sont assez sensibles à leur prix, et une telle dégradation pourrait peser sur notre compétitivité pendant un certain temps.

2. Réduire le temps de travail, une efficacité difficile à quantifier

Le candidat veut ouvrir une grande conférence sur le passage aux 32h. J’ai expliqué à plusieurs reprises sur ce blog pourquoi cela était potentiellement une bonne idée, dans une économie avec un salaire minimum élevé, pour réduire le chômage (contrairement à la croyance collective). La réduction du temps de travail permet aussi en général d’augmenter la productivité du travail, parce que la productivité des travailleurs baisse avec le temps de travail et parce que les entreprises sont incitées à réorganiser le processus de production. Quoique l’effet de la réduction du temps de travail avec les lois Aubry sur l’emploi soit très difficile à évaluer parce qu’elle a été couplée à des baisses de charge, une forte croissance économique et une hausse du salaire horaire, les seules études (OFCE et DARES) dont on dispose en France suggère que le passage au 35h a créé entre au moins 350000 emplois. Deux études portant sur les réformes au Québec et en Allemagne suggèrent que la réduction du temps de travail n’a pas eu d’effets sur l’emploi.

Il est vrai que cela réduit la liberté des individus de travailler autant qu’ils le veulent. Certes, mais c’est bien l’idée du partage, il faut accepter un peu moins de liberté pour que chacun puisse avoir l’opportunité d’avoir un travail. Il y aurait évidemment d’autres solutions au chômage si le salaire minimum ne rationnait pas la quantité globale de travail dans l’économie. D’autre part, la baisse du temps de travail permettrait aussi de transitionner vers une société du loisir, dans laquelle les individus ne passent plus leur vie à la gagner mais se réalisent dans d’autres activités.

Deux mécanismes limitent l’impact sur l’emploi de la réduction du temps de travail. Tout d’abord, cela pourrait augmenter les coûts organisationnels et administratifs, surtout pour les entreprises qui requièrent un travail en équipe et la coprésence des salariés. Ensuite, l’argument présenté dans le premier paragraphe suppose que le salaire horaire reste constant, c’est-à-dire que les salariés travaillant désormais 32h seraient payés…. 32h. Si le salaire mensuel ne baisse pas, alors la réforme équivaut à une hausse du temps de travail et l’effet sur l’emploi devient très incertain. Autant dire que, comme il sera difficile de faire accepter une baisse des salaires mensuels aux salariés, la réduction du temps de travail ne pourra pas augmenter l’emploi autant que la théorie le prédit.

3. Le droit opposable à l’emploi: une mesure intéressante mais avec des effets pervers

Tout chômeur de longue durée pourrait demander lorsque ses droits sont épuisés un emploi dans la fonction publique. Si je suis entièrement d’accord sur le principe selon lequel, dans nos sociétés salariales centrées sur le travail, il devrait exister un droit à l’emploi, car c’est l’unique manière pour une personne sans capital d’accéder aux conditions de son existence matérielle ainsi qu’à un certain statut social, cette mesure devrait être complétées par d’autres pour s’assurer que les individus aient toujours une incitation à chercher un emploi là où ils profitent au mieux à la société et n’attendent pas un emploi de la part de l’Etat. En économie, on parle d’aléa moral lorsqu’une assurance – en l’occurrence d’obtenir un emploi – réduit l’effort que l’individu fait pour éviter que le risque ne se réalise et det pour trouver un emploi par soi-même. Le risque d’une telle mesure est qu’elle freine la recherche d’emploi en enlevant aux chômeurs toute incitation à trouver un emploi qui correspond à ce qu’ils savent le mieux faire. Ces mesures peuvent inclure, l’obligation d’accepter une offre d’emploi qui correspond à ses qualifications, l’obligation de recherche d’emploi et de formation pendant le contrat avec l’Etat, et le fait que ces emplois publics soient payés à un salaire qui encourage le travailleur à chercher un autre emploi où il sera plus productif.

Cahuc P. et A. Zylberberg. “Reduction of working time and unemployment”, dans Working Hours and job sharing in the EU, Oxford University Press, 2008.

Crépon B. et F. Kramarz. “Employed 40 hours or Not-Employed 39 : Lessons from the 1982 Workweek Reduction in France”. Journal of Political Economy, 2002.

Hunt J. “Has Work-Sharing worked in Germany?” Quaterly Journal of Economies, 1999.

Skuterud M. “Identifying the Potential of Work-Sharing as Job Creation Strategy”. Journal of Labor Economics, 2007.

Incertitude et coûts des licenciements: effets de la réforme El Khomri

First published: March 2016

Dans cet article nous réagissons à deux articles publiés récemment qui visaient à valider du sceau académique la loi El Khomri. L’un est un article collectif, dans lequel de nombreux économistes français de renom soutiennent le projet de loi El Khomri. L’autre, publié dans le journal Slate par Eric le Boucher, à raison, reproche au débat actuel son caractère idéologique et déraisonné et demande a contrario de donner plus de places aux travaux des économistes sur ces questions. 

Réduire l’incertitude pour stimuler l’emploi des publics défavorisés ?

L’article du collectif d’économistes souligne un seul aspect de la loi – évidemment positif : la réduction de l’incertitude sur les licenciements. L’article explique que la réduction de l’incertitude sur les motifs de licenciements économiques et sur les montants maximaux des indemnités prudhommales inciteront les entreprises à ouvrir plus de CDI, réduira ainsi la dualité du marché du travail et stimulera l’emploi des publics défavorisés : « En réduisant l’incertitude qui entoure le CDI, le projet de loi El Khomri est de nature à changer la donne : c’est avant tout à ces publics défavorisés qu’elle va donner accès à un emploi durable. »

Il est vrai qu’en théorie une telle mesure, en rendant les CDI plus flexibles (au détriment des employés actuellement en CDI), donnerait lieu à davantage de création de postes, notamment en CDI (au bénéfice des chômeurs et des travailleurs sous CDD).

Mais quels effets peut-on vraiment attendre de cette dimension de la réforme tout d’abord sur le chômage et ensuite sur la dualité du marché du travail ?

De l’usage maladroit des travaux académiques empiriques

Ces articles disent s’appuyer sur les résultats de travaux empiriques « montrant » que les régulations des licenciements étaient de nature à réduire l’emploi et augmenter la dualité du marché du travail. L’article par Le Boucher s’appuie en particulier sur un article de Autor et al. «The costs of wrongful-discharge laws». Revenons un instant sur cet article.

Il fait partie d’une littérature empirique plus vaste au sein de laquelle il n’y a pas véritablement de consensus sur les effets sur le marché de l’emploi de la régulation des licenciements – différents papiers trouvent des effets allant d’une augmentation du chômage à aucun effet (l’absence de papiers trouvant un effet de réduction du chômage est sans doute à rechercher du côté d’une autocensure). S’il n’y a pas de consensus, c’est que les moyens d’identification économétrique des effets sont très pauvres. En effet étudier l’effet des régulations sur l’emploi et la dualité du marché du travail requiert d’analyser l’état du marché du travail au même moment dans deux Etats avec des lois différentes mais identiques par ailleurs, ou avant et après le vote d’une loi au sein d’un même Etat dans des contextes macroéconomiques par ailleurs comparables. Ce qui n’est pas chose facile à obtenir. 

L’article par Autor et al. étudie l’effet sur l’emploi de l’introduction de davantage de contrôle judiciaire sur les motifs acceptables de licenciement aux Etats-Unis sur la période 1978-1999. Si l’on fait confiance à la méthode d’estimation de l’article, une lecture attentive montre que ses résultats ne soutiennent pas la thèse selon laquelle “réguler les licenciements rend l’accès au marché du travail des plus fragiles plus difficile”. Ses conclusions précises sont les suivantes : seule l’une des trois régulations étudiées a semble avoir un impact négatif mais très limité sur le niveau d’emploi : 1- dans le court terme, les travailleurs changeant régulièrement d’emploi (les jeunes et les moins qualifiés) sont relativement plus touchés; 2- Dans le plus long terme (4 à 7 ans), ce sont en revanche les travailleurs les plus susceptibles de faire appel à la protection de la loi (les plus agés et plus qualifiés) qui souffrent de la diminution d’emplois.


Non seulement les conclusions de l’article sont plus complexes que ce que Boucher lui prête, mais – et cette critique s’applique à l’essentiel de cette littérature empirique- il y a de bonnes raisons de ne pas accorder beaucoup de crédibilité à ces estimations. Les données utilisées ici sont des données de panel (observations du marché du travail dans différents états à différentes périodes). Les coefficients ont de très fortes chances d’être mal estimés parce qu’ils ne prennent pas en compte le fait que l’introduction des « régulations des licenciements » n’est sans doute pas exogène aux conditions du marché du travail lui-même.

En conclusion, cette littérature empirique n’offre pas de résultats clairs sur l’effet de la régulation des licenciements. Il est important de noter aussi que ce que propose la réforme n’est pas la dérégulation complète des licenciements mais simplement la clarification dans la loi de la jurisprudence déjà existante ce qui est une réforme beaucoup plus modeste. De plus, cette réforme concerne peu de cas de séparations employeur/employés en CDI : les licenciements économiques représentent une faible part des licenciements ; la plupart des séparations ont lieu dans le cadre de rupture conventionnelle ; le licenciement pour motif personnel est quant à lui quantitativement tout aussi important mais un tiers des cas seulement donne lieu à un recours aux prudhommes, donnant gain de cause dans 75% des cas. Au total, bien que nous ne pouvons rien dire de très précis, je pense que l’effet sur les emplois en CDI des plus « fragiles » de cette réforme – s’il est positif, sera très négligeable.

L’usage des travaux académiques dans les débats de société doit être généralisé mais leurs conclusions ne doivent ni être déformées ni utilisées comme arguments d’autorité.

Ce que la théorie a à dire sur la question des coûts des licenciements

Il existe aussi une littérature théorique sur la question des coûts de licenciement et ses impacts sur le chômage. La réduction de l’incertitude sur les motifs de licenciement économique et le plafonnement des indemnités prudhommales peuvent être pensés comme la réduction du coût du licenciement parce que les entreprises n’aiment pas le risque (risk-averse).  Un article de reference, Hopenhayn et Rogerson (1993), montre qu’en théorie, introduire une taxe sur les licenciements équivalente à 1 an de salaire réduit l’emploi de 2.5% et réduit le turnover sur le marché du travail. Le mécanisme par lequel l’emploi baisse est assez simple : en augmentant le coût de licenciement, cette taxe augmente le coût marginal de l’emploi, ce qui réduit l’emploi. L’article montre aussi que la productivité de l’économie est abaissée, parce que les firmes ne veulent/peuvent plus ajuster rapidement leur force de travail au gré des fluctuations économiques et ont parfois trop de travailleurs et parfois pas assez – on dit que l’économie est sujette à la mauvaise allocation de la force de travail (misallocation).

Ne nous attardons pas sur la critique de cet article ici et supposons que le chiffre de 2.5% soit raisonnable. Ce chiffre correspondrait à la hausse de l’emploi en cas de réduction du coût de licenciement équivalente à un an de salaire. En supposant que cette réduction de l’incertitude est équivalente à la baisse des coûts de licenciement par 1 mois de salaire, cela implique une augmentation de l’emploi de 0.25%. Négligeable.

Un autre argument prédit que la protection de l’emploi par la régulation des licenciements peut donner lieu à un ajustement sur les salaires (à la baisse) plutôt que sur le chômage. Si les employés accordent une valeur importante à la protection de l’emploi, ils seraient prêts à accepter une diminution des salaires qui atténueraient le coût porté par les entreprises. (Summers, 1989). Si en outre, les employeurs font face à un problème de sélection adverse des employés, comme l’argumente D. Levine (1991), alors le niveau de protection de l’emploi sur le marché du travail sera sous-optimal. Une politique de protection de l’emploi serait donc plus appréciée par les travailleurs qu’elle ne coûterait aux employeurs, et le résultat serait une diminution des salaires, une diminution du coût du travail, et une augmentation du niveau de l’emploi.

Ce dernier effet a reçu moins d’attention de la part des chercheurs, et peu d’études permettent de faire le lien entre coûts de licenciements et salaires (quoique Autor et al. semblent trouver peu d’effet sur les salaires).

Omission des autres éléments de la proposition

L’article collectif ne discute pas la possibilité de négocier au niveau de l’entreprise une baisse des majorations des heures supplémentaires. S’ils ne le mentionnent pas, c’est parce que cette dernière partie de la proposition contredit l’objectif au nom duquel ils légitiment la proposition dans son ensemble, à savoir la réduction de la dualité du marché du travail. En effet, la diminution des majorations au-delà des 35h réduit le coût relatif du travail des salariés déjà membres de l’entreprise, incite les entreprises à avoir recours à la force de travail des « insiders » aux dépens des « outsiders » et renforce la dualité du marché du travail.

Ils ne mentionnent pas non plus toutes les difficultés soulevées par le fait de laisser davantage de place aux négociations au sein de l’entreprise : quel pouvoir de négociations ont des salariés peu qualifiés dans le contexte de chômage de masse actuel ? Que signifie négocier dans une PME sans représentant des salariés ?

Conclusion


En conclusion, ces deux articles prétendent que la littérature académique justifie la réduction de l’incertitude sur le coût des licenciements. Mais la littérature empirique n’offre pas de résultats extrêmement clairs sur l’effet de la régulation des licenciements sur l’emploi. La littérature théorique suggère que l’effet de la réforme sera en effet d’augmenter le turnover et l’emploi, mais qu’il sera négligeable. L’article collectif cherchant à justifier la baisse des coûts du licenciement par la réduction de la dualité du marché du travail omet les autres points de la réforme qui tendent à renforcer cette dualité.

Damien Capelle et Charly Porcher

Lump of labor fallacy and reduction in hours worked per worker

First published: February 2016

This post is a short formalized and English version of this previous post written in French.

Most economists consider that the lump of labor – the idea that the amount of work available to workers is fixed – is a fallacy and that, contrary to the naive belief, increasing productivity, immigration, women labor, and increasing the legal number of hours worked won’t mechanically increase unemployment. In this post, I clarify this issue and show that the lump of labor is not always a fallacy. In particular, if the economy is in a state of classical unemployment – which is likely to characterize the state of the French labor market-, the theory suggests that reducing the number of hours unambiguously reduces unemployment.

The WS-PS Model

The economy is populated by many workers/consumers and firms. The firms behave competitively in the sense that they choose their amount of labour and capital according to the marginal productivity principle: taking the real wage and real interest rate as exogenous, they increase their demand for labour and capital until the point where their marginal productivity is equal to their cost. This gives in particular the labor demand schedule, also called the PS curve (for price-setting): the lower the unemployed population, the lower the wage – because of decreasing marginal returns.

where L is labor, w hourly wage, K capital (held fixed), u the unemployment rate, A the hourly productivity of labor, H the number of hours and N the size of the working age population.

The second important block of the model describes the bargaining that determines the wage. The wage is the solution to a bargaining game between Labor Unions and Companies and the resulting schedule – labelled the WS curve for wage-setting – is, for common parameters, assumed to be a decreasing schedule of unemployment because high unemployment means low outside option and low bargaining power on the part of workers.  

Where n is the rate of working-age population growth, q the probability of losing one’s job, Ve is the value of having a job and Vr is the value of being unemployed.

The consumers are intertemporal optimizers and are characterized by a Euler equation. However since we consider only steady-state equilibrium, the Euler simply related the psychological time discount factor of the consumers to the real interest rate. We abstract from this part of the model to focus on the labor market – as far as our main results are concerned this assumption is innocuous.

Steady-state Equilibrium in WS-PS

At steady-state, the two equations write:

WS is decreasing in (u,w) while PS is increasing. They cross only once. The equilibrium unemployment-wage is (u**,w**).   

Two extreme cases have to be considered.

  • The perfect market equilibrium in which wages are not determined by a bargaining process but chosen by the auctioneer or naturally reached through the Invisible Hand’s actions to clear the labor market is a situation in which WS becomes mixed-up with the w-axis. The equilibrium unemployment-wage is (0,w*).   
  • The other extreme case is the case of wage rigidities – such as the minimum wage regulations. In such case, the WS schedule is horizontal and the equilibrium unemployment-wage is (u***,w***).   

Comparative Static : decrease in number of hours worked

What happen if the number of hours worked get decrease? From the two equations, it is clear that WS remains unaffected and PS moves upward. Since there is less supply of hours in the economy, for any wage, the number of hours available decreases which says exactly that PS moves upward. Besides, if one considers that the labor productivity is decreasing in the number of hours – because a worker is less tired and becomes more productive – then a second effect kicks in that makes labor more productive and therefore WS moves upward even more.

The upward shift in PS decreases unemployment (from black to red) unless the true WS is vertical – which is the free-market economy in which case the decrease in the supply of labor is entirely absorbed by a wage increase. In the more realistic theoretical cases of non vertical WS, the decline in unemployment is all the larger as the WS is flat, i.e. as the wages don’t increase with the proportion of unemployed people in the working age population, which occurs when firms have a large bargaining power or unions care a lot about unemployment risk. The decrease in unemployment is largest in the fixed wage economy – which occurs when the wages are set by the State which is the case for workers paid at the minimum wage in many developed economies such as France and the US. 

 References

  Johnson and Kayard (1986), “The Natural Rate of Unemployment: Explanation and Policy”, Handbook of Labor Economics

Cahuc and Zylberberg (1999), “Le Modèle WS-PS”, Revue d’Economie et de Statistique

Is Electronic Monitoring (EM) better than incarceration?

First published: January 2016

The issue of the “best sentence” is one of modern societies’ trickiest problems. Prison is at the core of the State’s punishment and regulation system. Yet the shortcomings of incarceration are well-known: detrimental effects on offenders’ future labor market outcomes due to stigma and human capital depletion, disruption of family ties, strict detention having criminogenic effects partly to mutual influence of criminals in prison. All these contribute to increase recidivism rate. In this post I discuss the notion of a “good” sentence according to a retributive and utilitarian perspective, then apply the latter to the analysis of prison and recidivism and finally empirically gauge to what extent EM might be a more effective punishment based on the recent analysis by Henneguelle et al..

What is a good punishment?

There are two main perspectives to tackle this question. According to a retributive point of view, which can be also labelled “backward looking view”, the appropriate response to crime is a proportionate punishment. The criminals have to forfeit something in return for what she did to morality and society. Punishment is fully and only justified by the damage that have been done. On the opposite side of the Assembly sit Utilitarians who favor a forward-looking perspective on punishment: the latter should be chosen so as to maximize future social welfare which includes recidivism.

For example, from the first perspective, prison may be a good punishment for severe crimes as it deprives criminals of the most sacred rights, namely freedom, and the length of the sentence should be proportionate to the severity of the crime. From a Utilitarian perspective, prison are good because it deters people from committing crimes as incarceration costs prisoners a lot – the latter lose their freedom and incarceration offers really tough life standard of living.

Our modern systems have been navigating between these two principles. These two perspectives may sometimes be conflicting since the backward looking proportionate response may not be the one that achieves the highest future social welfare.

Many countries have adopted EM as an alternative sentence to prison. This move is mainly justified by forward-looking type of argument. What are these underlying theoretical arguments?    

Utilitarian perspective on prison and EM and channels of recidivism

From a utilitarian perspective, a good punishment should minimizes recidivism. To that regard, prison’s performance is disappointing: 77% of ex-prisoners are rearrested in the following 5 years in the US. What are the main channels through which prison may increase or decrease recidivism? The following paragraphs are based on Henneguelle et al. first section.

First, incarceration deplete the criminals’ human capital and attach to them a stigma that will have long-lasting detrimental effects on the labor market. Secondly, incarceration disrupts family relationship and together with the labour market outcomes makes it more difficult for ex-prisoners to be and feel part of a society again. Thirdly and importantly incarceration could be more criminogenic through the violent psychological effects it has on prisoners as well as through the well-documented channel according to which prison are like schools of crime in which prisoner learn from each other and build new networks. All those effects tend to foster recidivism.

Regarding all those arguments, EM seems to be a good solution as it didn’t break somebody’s labour market and family ties and doesn’t stimulate the accumulation of criminal capital. Finally the authors also give a more specific argument in favor of EM that relies on the gift/counter-giftanalysis by Mauss: if EMis perceived as a gift – as the wording “sentence reduction” makes it clear –  from society to convicts, then the latter might give back to society by reoffending less.[1]

All these channels play against incarceration as a good punishment with regard to recidivism. However they are heavily counterbalanced by the fact that the deterring effect of EM is much lower than the one of prison. Let’s go to the real world, what is the estimated net effect on recidivism of EM rather than prison?

Empirical estimation

 The author’s strategy exploits the fact that the EM was introduced in an arguably random sample of courts in France in 2000-2001 so that they can compare the rate of recidivism for two nearly identical convicts, one benefiting from EM and the other not. The IV estimation show that fully converting prison sentences into EM has beneficial effects on recidivism by decreasing the probability of reconviction by 7 percentage point – the average rate of recidivism in the whole sample being 64%.

They then explore the conditions in which EM work best and show that it was most effective when it was associated with control visits at home, a longer surveillance period, younger population, obligation to work and prior incarceration – the latter supporting the gift/counter-gift hypothesis.

Conclusion

Exploiting a quasi-random testing experiment in France, the paper by Henneguelle et al. convincingly shows that electronic monitoring can help reduce the rate of recidivism by 7 percentage points (with an average rate over the whole sample of 64%). EM – although questionable from a retributive justice perspective – might be a good alternative to incarceration from a Utilitarian perspective as it avoids the loss of social ties, the accumulation of criminal capital in prison and is based on a gift/counter-gift virtuous dynamics. However, this figure should be taken with care. Firstly it remains really low: EM doesn’t solve the recidivism problem at all. Secondly, it doesn’t say that it reduces recidivism for anybody because the subsample on convicts on which it is estimated have themselves been selected by judges based on their chance of “success”: in technical words, the coefficients is identified through the treated people! Finally, there are conditions for the EM to work well: control visits at home, obligations to work, prior conviction.

[1] Notice here the slight internal inconsistency between the beliefs of the judicial system and the beliefs that would support such a gift/counter-gift mechanism: if it is optimal from the point of view of the judicial system to move to EM because of forward-looking arguments, then EM is the fair sentence and the wording “sentence reduction” loses its meaning. The beliefs that could support the idea of true “sentence reduction” and consequently this gift-counter-gift mechanism are only consistent with a retributive perspective. Overall, it is as if the judicial administration was optimizing using forward-looking beliefs but trying to make convicts adopt backward-looking beliefs so that they see the change in the sentence as a gift – while it is actually optimal – and therefore fair – from the utilitarian perspective of the State.  

Les 35 heures, solution au chômage?

First published: January 2016

La réduction du temps de travail fait partie de ces symboles ridicules de l’affrontement entre les partis traditionnels de gouvernement. Historiquement, et dans les consciences, elle est inséparable des programmes de 1936, de 1981 et enfin du gouvernement Jospin à la fin du siècle dernier. Les 35 heures, dernière réforme du temps de travail, sont encore aujourd’hui sans cesse critiquées et débattues.

Deux principaux objectifs motivent la régulation du temps de travail : la volonté de réduire le chômage en partageant le travail et le désir de décentrer la vie du seul travail et bâtir une société dans laquelle celle-ci serait davantage tournée vers le loisir, la vie sociale et familiale. Dans cet article, nous nous intéresserons au premier objectif : la réduction du temps de travail peut-elle réduire le chômage ?

Contrairement à ce qui est souvent pensé, la régulation du temps de travail n’est pas une politique stricte qui interdirait à un individu de travailler davantage qu’un certain nombre d’heures par semaine, mois ou année. Tout d’abord, beaucoup de salariés continuent de travailler 39 heures et peuvent obtenir, en contrepartie des 4 heures supplémentaires par semaine, des RTT. Ensuite l’exercice d’heures supplémentaires – contingentées et majorées – est aussi légal. La majoration est de 25% jusqu’à la 43 heures et 50% au-delà. Enfin, ces règles ne concernent ni les cadres ni les travailleurs indépendants.   

Les estimations empiriques de l’effet du passage aux 35 heures apportent des réponses contradictoires et ne permettent pas de trancher si oui ou non les 35 heures ont réellement été la cause de la réduction du chômage au tournant du millénaire. Qu’en dit la théorie ?

Des différentes théories du chômage en macroéconomie

Le chômage est sans doute l’un des problèmes fondateurs de la macroéconomie moderne. De manière assez étonnante, il ne constitue aujourd’hui qu’un sujet périphérique, pour ne pas dire abandonné, de la recherche académique. Connait-on tout du chômage ? Non. Quelles théories avons-nous à notre disposition?

Tout d’abord, le premier concept de chômage est dit structurel parce qu’il reflète les difficultés d’appariement entre les firmes et les chercheurs d’emploi – car l’information circule mal sur ce marché, parce que la réallocation sectorielle et géographique prend du temps, parce qu’il coûte à une firme d’embaucher etc… Ensuite il existe un chômage « classique » dû à la présence d’un salaire plancher : le coût du travail est supérieur à son bénéfice du point de vue de l’entreprise, elle refuse d’employer un travail trop peu productif au regard de sn coût. Enfin il existe un chômage conjoncturel ou keynésien dû à des chocs de demande, mais celui-ci se résorbe dans le long-terme, en théorie bien sûr. 

La réduction du temps de travail avec un chômage classique (coût du travail trop élevé)

Soit une économie néoclassique standard, avec pour seule différence que le salaire minimum est supérieur au salaire d’équilibre, d’où la présence de chômage dans l’économie. Le nombre agrégé d’heures productives dans cette économie est déterminé à l’échelle macroéconomique par le salaire de base fixé par le gouvernement d’après la traditionnelle règle d’optimisation selon laquelle la dernière heure productive vaut pour l’entreprise exactement le salaire minimum. Le nombre agrégé d’heures donné, sa répartition s’effectue ensuite entre les différents travailleurs. Mécaniquement la réduction du temps de travail réduit le chômage d’autant.

Néanmoins, une légère subtilité mérite d’être précisée : si la première heure de travail est plus productive que la 39e heure – après tout c’est vrai qu’au bout d’un certain temps, on ne peut plus faire grand-chose – alors les quatre heures en moins de l’ancien travailleur seront plus que compensées par les quatre heures du nouveau et le nouveau n’aura qu’à travailler une heure. Les rendements marginaux décroissants du travail hebdomadaires font que la productivité horaire du travail augmente mécaniquement avec la réduction du temps de travail et qu’il y a donc une diminution du besoin de travailleur. Cet effet atténue grandement la réduction du chômage.

Un autre effet atténue la réduction du chômage : il coute plus cher de faire travailler deux personnes à 50% qu’une seule personne parce qu’il y a des coûts de recrutement, de gestion des ressources humaines et de coordination. Ainsi en « partageant le travail », la réduction du temps de travail indirectement rend le travail plus cher puisqu’il y a davantage de coût de gestion du personnel.  

La réduction du temps de travail avec un chômage de frictions

Dans un modèle avec des frictions sur le marché du travail à la Pissarides, le passage aux 35 heures implique principalement une baisse de la productivité hebdomadaire – quoique nous avons vu plus haut que l’amplitude de cette baisse était incertaine. Cette baisse a pour effet de réduire le nombre d’offre d’emplois, donc d’augmenter le chômage et de faire baisser les salaires – parce que les travailleurs perdent du pouvoir de négociation. Dans ce modèle, l’effet est clair et contre-intuitif (c’est aussi pour cela que les modèles sont utiles) : le chômage augmente suite aux 35 heures.  

L’analyse keynésienne du chômage

Le chômage keynésien se prête à la même analyse que le chômage classique étant donné que tous les deux partent de l’idée que le stock total d’heure est déterminé à l’échelle macroéconomique.

 Néanmoins, l’analyse keynésienne dans son approche plus générale met aussi en avant l’importance des effets de redistribution sur la détermination de la demande globale. En réduisant le chômage et donc – en toute vraisemblance – les inégalités de revenus, la réduction du temps de travail transfère de la richesse vers des individus qui ont sans doute une plus grande propension à consommer le revenu et par conséquence tend à augmenter la demande agrégée dans le court terme et ainsi relancer l’économie.

Enfin la réduction du chômage permet aussi de réduire les taxes sur les personnes en emplois qui finançaient les allocations chômage. Néanmoins, toutes choses étant égales par ailleurs, cette baisse de taxe ne compense – a priori – pas la baisse des salaires consécutifs à la baisse du nombre total d’heures travaillées.  

Réduction du temps de travail sans réduction du salaire hebdomadaire : vouloir le beurre et l’argent du beurre

La réforme Aubry prévoyait que les salaires des travailleurs ne baissent pas. Bloquer les salaires et réduire le temps de travail revient évidemment à augmenter le coût horaire du travail. Et par voie de conséquence à réduire l’emploi. Selon que l’offre d’emploi est plus ou moins sensible au coût du travail, il se pourrait même que la hausse du coût du travail et la hausse du chômage associée aient fait plus que compenser la baisse entraînée par la réduction du temps de travail.

Conclusion

En première approximation, l’intuition selon laquelle la réduction du temps de travail permettrait de partager le travail et de réduire ainsi le chômage semble justifier dans les modèles néoclassiques et keynésiens standards. Néanmoins, la hausse de la productivité horaire consécutive à la réduction du temps de travail et les coûts fixes de recrutement sont deux effets qui atténuent l’impact positif sur le chômage. De l’estimation de ces deux effets dépend l’assurance avec laquelle nous pourrons affirmer que la réduction du temps de travail est une solution au chômage. Enfin il ne faudrait pas oublier que, même si cette politique s’avérait efficace, elle ne s’attaquerait sans doute pas aux racines du chômage, et ne ferait qu’en traiter les symptômes.    

Pierre Cahuc sur le chômage en France

First published: January 2016.

Pierre Cahuc, dans cet excellent article, réagit à l’annonce du gouvernement d’un programme de formation de 500 000 chômeurs et explique ensuite quels sont – selon lui – les causes probables et les remèdes possibles du chômage français.

‘”Un programme de formation de 500 000 chômeurs en urgence et d’une telle ampleur n’a pas grand sens, sauf celui de vouloir diminuer à tout prix les statistiques du chômage. Former les chômeurs est sans doute une bonne stratégie ,mais pas de cette façon” affirme-t-il. Pourtant, selon l’expert, les remèdes au chômage sont connus, touchant tout à la fois au coût du travail, au contrat de travail et à l’indemnisation du chômage. Mais François Hollande n’a pas voulu s’y attaquer, préférant les fausses solutions du traitement social du chômage pour ne pas se couper des partenaires sociaux “dont il a besoin pour sa carrière politique”

P. Cahuc commence par rappeler le problème de fond qu’est le dualisme du marché du travail  favorisant les “insiders” qui ont un emploi aux dépens des “outsiders. Les causes de ce dualisme? Le SMIC élevé, les négociations des partenaires sociaux ne considérant que les intérêts des travailleurs et pas des chômeurs, la généralisation automatique des conventions collectives à des branches entières, les restrictions sur les temps partiels, les professions règlementées, les indemnisations et le contrat de travail.

Il préconise plusieurs politiques visant à réduire les effets pervers sur l’emploi des institutions actuelles. Premièrement le SMIC ne doit plus être vu comme un instrument de redistribution, il faut baisser le coût du travail sur les bas salaires et lui préférer une redistribution moins dissuasive sur l’emploi comme le RSA ou la prime pour l’emploi.  

Deuxièmement les conventions collectives doivent cesser d’être automatiquement étendues aux entreprises non signataires. Troisièmement les entreprises doivent cotiser en fonction de leur taux de licenciement de manière à ce qu’elles internalisent le coût qu’elles font payer à la société en mettant une personne au chômage. Enfin, et quitte à s’attirer les foudres des antilibéraux, le travail partiel et les professions (indûment) protégées doivent être déréglementés.

Mais l’article original ainsi que ses travaux académiques est bien plus complet…